Tom Waits
Alice & Blood Money

/anti; 2002/

rating : 9 

 

 

 

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www.tomwaits.com
 

Depuis "mule variations" et les concerts de mai 2000 à Paris on n'avait plus entendu parler de Tom Waits si ce n'est sa participation à l'opéra "Woyceck" de Robert Wilson. Ce sont justement les morceaux qu il a composé pour "Woyceck" que Tom Waits publie sous le nom de "Blood Money" ; réenregistrés tout comme ceux d'"Alice", autre collaboration avec Robert Wilson créée en 1992 et sortie en même temps que "Blood Money". Pour les fans de Tom Waits habitués à un album tous les 4 ans ceci est une très bonne surprise."Blood money", malgré un manque d'unité regorge de très bonnes chansons, alternant les ballades et des morceaux plus violents avec une orchestration toujours aussi fascinante."God's away on Business" (single) dévoile un Tom Waits rageur ("there's always free cheddar on a mousetrap baby / it's a deal / it's a deal) sur une rythmique basique renforçant l'intensité des paroles, alors que les ballades comme "Coney Island Baby" ou "All The World Is Green" le voient de nouveau chanter l'amour d'une façon toujours aussi convaincante. "Alice" quant à lui possède une vraie unité, il est dur de sortir une chanson du disque tant elles sont indissociables (même si Tom Waits s'amuse à dérouter l'auditeur dans "Kommienizuspadt"). On peut néanmoins sortir du lot la chanson éponyme qui pose l'atmosphère sinistre et pluvieuse de l'album tout comme "No One Knows I'm Gone" et ses paroles macabres ("the rain makes such a lovely sound to those who are six feet underground"). La notion de musique poétique embrasse parfaitement le contenu de l'album, de "Reeperbahn" à "Poor Edward" et son personnage à double visage, en passant par la douce folie de "We're all Mad Here". Le jazz de "Table Top Joe" est un des grands moments du disque, Tom Waits y retrouvant ses premiers amours musicaux. Le ton sans arrêt décalé de l'album le rend indispensable aux fans comme aux néophytes qui pourront s'immerger dans l'univers de l'artiste sans craindre d'être déçu.

-Humphrey Maurice