Herman Düne
nov 12th 2001 - Toulouse, FR
by SEB WOOd 


Comment s’est passé l’enregistrement du 3e album « Switzerland Heritage » ?

D : Nous l’avons enregistré en Suisse dans une usine où nous avions vu SUICIDE jouer quelques mois auparavant. Nous tenions à l’enregistrer là-bas parce que ce concert nous avait plu. En Suisse près du fleuve qui passe à Genève, l’enregistrement était sympa, il faisait beau et nous faisions des promenades près du fleuve.

A : On était dans un squat très sympa. En fait, on a rien foutu pendant 2 semaines. C’était super.

D :C’était cool, nous avions le temps de faire ce qu’on voulait. On est arrivé avec nos chansons…

A : Des tonnes de thunes (Rires). C’était la Suisse !!

D’où le titre de l’album ?

D : C’est surtout parti du fait que Néman (le nouveau batteur et ami depuis toujours) est suisse et on a estimé que ce nouvel album était son héritage.

Les couvertures d’album sont très lo-fi. Est-ce que c’est un mouvement (si l’on peut parler de mouvement) auquel vous vous associez ?

D : En fait, je fais les couvertures d’album donc c’est normal qu’elles se ressemblent. J’essaye pas de faire lo-fi spécialement mais je les fais à la main donc ça fait crados. J’ai jamais été fan des couvertures assistées par ordinateur. Je ne veux pas de quelque chose que je ne fais pas à la main. En général, j’essaye de bosser sur le format final…

A : Parle nous plutôt du mouvement lo-fi.

D : Picturalement, le mouvement lo-fi, à part les gribouillages de Jason Lowenstein dans son sideproject, qui fait ses pochettes soi-même ? Daniel Johnston : ses dessins sont supers. C’est vrai que dans l’indie rock tout le monde fait plus ou moins ses pochettes soi-même. C’est rare que quelqu’un fasse appel à un graphiste pour faire des conneries.

Pourquoi toutes ces inscriptions sur la pochette (« for parties, gatherings of two or three friends… » ; « all times and places-additionally it teaches you to play the guitar »…) ?

D : C’est n’importe quoi. C’est situationniste ! (Rires) J’ai fait plein de travaux sur Guy Debord. Ca m’amuse toujours de découper le premier truc qui me tombe sous la main. Pour ce qui est d’apprendre à jouer de la guitare en écoutant Herman Düne, c’est un livre que mon frère a acheté d’occasion à Stockholm. Il parlait de la folk US et j’ai découpé les premières pages et je les ai collées n’importe comment. Je trouve ça drole.

J’ai l’impression que dans le dernier album, il y a plus de références que dans les autres albums (références à Trust de Hal Hartley, à Sonic Youth, au Velvet…) ?

D : Avant, j’étais timide avec ça, j’ai toujours eu envie de faire du namedropping. C’est venu naturellement. Au bout d’un moment, j’en ai eu marre de prendre des détours. Si j’ai envie de parler d’un truc, autant le dire carrément. Et puis, c’est tellement plus touchant d’avoir les vrais noms, que ce soient des noms de voitures, de personnes, du moment que ça correspond à quelque chose de vrai, en l’occurrence ici Sonic Youth, Martin Donovan… Je trouve ça beaucoup plus parlant, plus touchant que dire J’ai vu un film et d’essayer de le décrire. Autant dire de quoi tu parles, c’est plus simple.

Dans le texte de « Martin Donovan in Trust », j’ai l’impression que tu parles des personnages des films de Hal Hartley comme des stéréotypes d’une culture américaine ( en l’occurrence Martin Donovan et Parker Posey), pourquoi ? (pour ceux qui ne connaissent pas Hal Hartley, ses héros sont ancrés dans le quotidien américain mais se heurtent constamment à la culture américaine).

 A : J’adore l’Amérique et les américains. J’ai vu plein de fois Trust et j’y pense souvent. Quand je déconne un peu, je me dis que j’aimerais être aussi classe que Martin Donovan quand il déconne, quand il se met à taper tout le monde. J’aimerais bien taper tout le monde aussi. Parker Posey est super sexy dans Flirt quand elle parle. J’adore les 3 premiers films de Hal Hartley. J’adore les mecs  avec les pipes. Des fois il y a des petits moments gags réalistes au milieu  qui sont vraiment bien.

D : Et puis Adrienne Shelly est belle. (C’est vrai, elle est classe…). Que veux dire Y2K dans la chanson «After Y2k» ?

D : Ca veut dire Year Two Thousand. Les initiales de l’an 2000. Quand j’étais petit, je me disais toujours qu’en l’an 2000, je me serais barré de Paris et je me suis toujours pas barré. J’ai écris cette chanson après. C’est sur la confiance. Quand j’ai besoin de savoir si je peux avoir confiance en quelqu’un je me demande s’il m’aurait caché pendant la guerre parce que je suis juif. Est-ce qu’il m’aurait caché dans sa cave ou est-ce qu’il m’aurait balancé ? (Rires).

Gilles Delenbaum : Comment avez-vous signé sur Prohibited ?

D : On avait fait un festival pour une radio parisienne qui est super (festival songs of price ??). A l’époque, on avait sorti notre premier single.

A : On est rentré en contact avec eux parce qu’il distribuaient le 45t d’un copain qui va sortir un disque bientôt sur Prohibited (Wilfried).

D : Il a sorti des disques sur d’autres labels. C’est un copain. Il nous a introduits et puis Nicolas (Laureau) était au festival et il a aimé.

Avez-vous des relations particulières avec les autres groupes de Prohibited ?

D : On est dans le même camion depuis 2 semaines donc c’est assez particulier. On se parle bien sur cette tournée mais avant, on était pas spécialement proche d’autres groupes du label.

A : En plus, on se ballade avec une star : Shane (batteur de DON NINO) qui a joué avec SONGS OHIA. C’est un super batteur et il est très marrant. Vous enregistrez tous vos albums avec des prises live, pourquoi ?

D :  Au début on était trop mauvais pour faire autrement. On était pas du tout dans le tempo, on faisait n’importe quoi. On était obligés d’enregistrer live. Depuis on a l’habitude de faire comme ça. Il y a des albums que j’adore qui sont pas enregistrés en live mais je préfère ne pas le savoir. Si tu me le dis, je peux presque plus écouter l’album. Par exemple, SWELL est un de mes groupes préférés, je sais que les albums sont pas enregistrés live et ça me dérange. J’ai besoin de sentir les gens en train de jouer quand j’écoute un disque. Dans le son, je m’imagine l’emplacement des musiciens. Dans les disques des Stones, c’est tellement le bordel, tu t’éclates à imaginer Charlie Watts à la ramasse parce qu’il s’arrête au mauvais moment. C’est super.

Beaucoup de monde dit que vous avez pas mal de succès en Angleterre grâce à John Peell. Est-ce vrai ?

D : On a un succès surtout auprès des gens qui écoutent John Peell. En fait, surtout auprès de John Peell parce qu’il nous adore. Je ne sais pas pourquoi.

A : Il nous adore parce qu’on lui a dit qu’il était un excellent acteur.

D : On est pas milliardaire et notre disque est très mal distribué là-bas. C’est sympa que des gens nous adorent là-bas.

Voulez-vous rajouter quelque chose ?

A : On a pas parlé de Julie Doiron ni des végétariens. On a commencé la tournée avec Julie Doiron (bassiste d’ERIC’S TRIP).

Est-ce qu’ERIC’S TRIP existent toujours ?

D : Ils se sont reformés cet été mais elle fait des disques solo depuis 5-6 ans. Elle a commencé la tournée avec nous. C’est une amie à moi. On était 4 dans le groupe, elle chantait. C’était excellent. Ses disques sur Sub Pop sont difficiles à trouver et ils sont très bien (‘Secretly Canadian…’).

A : C’est une tuerie. Julie Doiron c’est super bien. On va peut-être enregistrer avec elle donc on est très content. D’habitude on dit aussi toujours quelque chose sur les végétariens parce qu’on l’est.

Cette interview s’est faite avant un concert assez approximatif que j’ai trouvé bien mais que d’autres personnes présentes à l’interview n’ont pas aimé (Gilles Delenbaum). Vous aurez sûrement remarqué que la retranscription de cette interview se détériore au fur et à mesure. Certains diront que c’est inadmissible et d’autres diront que l’on sent plus les gens parler quand la retranscription est plus’orale’. De toute façon, nous ne sommes pas les Inrocks ni Rock Sound (je ne les ai pas obligés à prononcer des mots comme ‘tuerie’). Pour ceux qui ne le savent pas, c’est sympa de faire des interviews mais c’est très chiant de les taper. D’AUTANT PLUS QUE JE N’AI PAS UNE FORMATION DE SECRETAIRE, DE GREFFIER OU DE STENO-DACTYLO. SEB WOOd.